> Réforme de la formation initiale: où va l'école ?

11-04-2021

Prévue par la loi Blanquer, le ministère travaille depuis de nombreux mois à une réforme de la formation initiale qui vienne s’intégrer parfaitement au projet du ministre pour l’école : économiser des moyens, centrer les contenus de formation sur les fondamentaux, former des enseignant·es disposé·es à appliquer les consignes ministérielles plutôt que concepteur·trices. Il faut nous préparer au recours toujours plus important aux contractuel·les, en cohérence avec la loi de transformation de la Fonction Publique. Lire plus ici>



Une vision de l’école à l’opposé de ce que porte le SNUipp-FSU. Tout au long de ce travail d’élaboration, le ministère a réuni les organisations syndicales autour de groupes de travail afin de leur présenter l’avancée du chantier et donner l’impression d’écouter leurs remarques et propositions. Ce simulacre de concertation a de plus en plus de mal à tenir et le dernier groupe de travail a vu la FSU, la CGT et le SNALC claquer la porte tant pour montrer leur désaccord sur le fond que sur la forme (envoi des documents de travail la veille, textes qui revenaient totalement sur les points d’accord de la séance précédente…)

En voici les grandes lignes, qui rentrent en application dès la rentrée 2021, ainsi que les conséquences concrètes dans les écoles.


Qu’est-ce que ça change pour les futur·es enseignant·es ?

- Le passage du concours (et donc l’entrée dans le métier) repoussé d’un an : à la fin de la 2ème année de master. Comment démocratiser l’accès au métier et résoudre le manque d’attractivité vers les métiers enseignants dans de telles conditions ?

- Ajout d’une épreuve orale sous la forme d’un entretien professionnel, avec toute la subjectivité inhérente à une telle épreuve (on n’est pas loin de l’entretien de motivation…) ;

- Une formation dégradée sous prétexte d’une préprofessionnalisation… :

1- Des étudiant·es en contrat d’AED « prépro » (assistant·es d’éducation) de 8h/semaine dès la 2ème année de licence et jusqu’au M2 MEEF (en responsabilité de classe dès le master).

2- Des étudiant·es en master alternant (contrat de 12 mois à1/3 temps en classe pendant le master MEEF) avec une rémunération moindre, 865€ brut/mois.

3- Le PPPE (parcours préparatoire au professorat des écoles) : cette formation serait une sorte de modèle hybride avec un enseignement généraliste en lycée, des cours en université et des stages en milieu éducatif … (projet présenté en octobre pour une mise en place dès la rentrée prochaine !).

- Des stagiaires (PES) utilisé·es à temps plein en classe, s’ils et elles ont suivi le master MEEF, avec ou sans alternance,

- … ou bien encore des stagiaires qui n’auront pas suivi le master MEEF et qui vont se retrouver à mi-temps en formation, ce qui n’améliorera en rien la situation actuelle.

- Quid des étudiant·es en master MEEF qui échoueront au concours en fin de M2 ? Peu de débouchés… si ce n’est celui de constituer un vivier de contractuel·les idéal !

Et quelles conséquences dans les écoles ?

- Une multiplicité d’étudiant·es aux statuts différents :



- Des étudiant·es utilisé·es comme moyens d’enseignement… et avec quel suivi ? Des tuteurs·trices de terrain seront "désigné·es", pour accompagner les étudiant·es en mission d’enseignement dans les écoles. Ces missions de formation initiale sont aujourd’hui assurées par des PEMF ou CPC, c’est-à-dire par des enseignant·es certifié·es qui ont eux-mêmes ou elles-mêmes suivi une formation conséquente. De même qu’enseigner s’apprend, apprendre à enseigner demande une qualification reconnue ainsi que du temps de décharge. Or demain, ces nombreux·ses tuteur·trices le feront sans formation conséquente, sur des temps non visibles et avec une rémunération deux fois moins importante.

Pour le SNUipp-FSU, cette réforme de la formation initiale n’est pas à la hauteur des enjeux ! Les enseignant·es débutant·es ayant bénéficié, pour la plupart, de plus de temps en classe, mais de moins de temps de formation malgré un concours repoussé. Leur formation sera en outre centrée sur les fondamentaux, au détriment de tout ce qui, comme le disait déjà Jules Ferry, distingue une école libérale, celle de la République de celle, élitiste et reproduisant les inégalités sociales, de l’ancien régime.

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